Driss HAMMOUD: fils de la regrettée Mme Malki Yattou
Cher(e)s médecins
Je vous adresse cette lettre avec une grande peine et un profond sentiment de tristesse, à la suite du décès de ma défunte mère qui eut lieu vendredi 25/04/2025 à la suite d’un problème cardiaque qui n’a pas été diagnostiqué à temps.
La regrettée ma mère, de son vivant, avait consulté des médecins généralistes et spécialistes à plusieurs reprises, présentant durant trois ans des symptômes épigastriques tels que douleurs à l’estomac, nausées, fatigue anormale, des signes qui, bien que parfois trompeurs, peuvent correspondre à des troubles cardiaques, notamment chez les femmes. Malgré cela, seule une cause gastrique a été évoquée, sans qu’un avis spécialisé en cardiologie ne soit envisagé ni d’examens complémentaires prescrits.
Les médecins consultés ont respectivement conclu à un trouble gastrique et prescrit un traitement symptomatique sans recommander d’examens complémentaires ou d’orientation vers d’autres spécialistes, en l’occurence un cardiologue en premier lieu. Pourtant, les symptômes qu’elle présentait pouvaient, à la lumière des connaissances médicales actuelles, évoquer une origine cardiaque, notamment en l’absence de confirmation d’un trouble digestif réel. Dans une telle situation, la responsabilité du médecin ne se limite pas à traiter les symptômes, mais également à envisager les causes possibles graves, et à adresser le patient aux spécialistes compétents le cas échéant.
Le diagnostic est resté incertain pendant trois ans, et le temps a cruellement manqué jusqu’à l’infarctus du myocarde.
Cher(e)s médecins
Au Maroc, il n’existe pas encore de statut juridique pleinement opérationnel encadrant un protocole de diagnostic médical fiable garantissant les droits du patient. Bien que le Code de déontologie médicale impose aux médecins des obligations en matière de diagnostic et de traitement, notamment en cas de danger vital, le cadre légal global reste lacunaire. J’espère qu’un tel statut soit mis en place en urgence par le Ministère de tutelle, afin d’éviter que les patients dans une situation comparable ne voient leur diagnostic retardé et subir des conséquences dramatiques.
Je comprends que l’erreur est humaine et que la médecine est parfois confrontée à des tableaux cliniques complexes. Cependant, je tiens à rappeler que le médecin est tenu à une obligation de moyens : il lui revient de mobiliser avec sérieux et rigueur tous les outils — examens, observations, orientations — permettant d’établir un diagnostic fiable.
Cher(e)s médecins
Avec tout le respect que je vous dois, je me permets également de vous partager une inquiétude plus générale : il devient malheureusement trop courant de constater que certains praticiens — sans vouloir généraliser — n’accordent ni le temps nécessaire ni l’attention requise pour bien écouter et examiner leurs patients. Chez certains, la priorité semble être donnée aux consultations rapides et aux honoraires, au détriment de la vocation première de ce métier, qui est de soigner et de préserver la vie. En conséquence, ceci nuit à l’image de notre médecine en particulier et à celle de notre pays en général au moment où le Maroc s’est engagé ces dernières années dans la réforme du système de santé sous hautes instructions de sa Majesté le Roi que Dieu l’assiste.
En revanche, il est important de ne pas tomber dans la généralisation. Aux côtés de certaines défaillances, il existe heureusement de nombreux médecins qui exercent leur métier avec une profonde abnégation. Animés par un sens aigu de l’honnêteté et de l’altruisme, ils placent le bien-être de leurs patients au cœur de leurs priorités. Leur engagement va bien au-delà des simples obligations professionnelles : ils écoutent, conseillent, accompagnent et agissent avec une grande responsabilité, même dans des conditions parfois difficiles. Ces professionnels méritent respect et reconnaissance, car ils incarnent les valeurs humaines les plus nobles du corps médical.
Cet appel a pour but de vous alerter sur les conséquences potentielles d’un défaut d’orientation ou de diagnostic incomplet, dans l’espoir que cela puisse éviter de futurs drames. Il ne s’agit pas ici d’un reproche isolé, mais d’un appel à la réflexion et à la vigilance professionnelle.
La médecine est un engagement moral, un métier sacré, et ceux qui l’exercent portent une responsabilité immense devant la société, mais aussi devant Dieu. Je vous adresse cet appel non pour accuser, mais pour sensibiliser dans l’espoir sincère que la perte de ma mère en raison des erreurs de diagnostic de sa maladie, puisse éveiller davantage de conscience professionnelle et d’exigence éthique dans la pratique quotidienne du personnel de la santé.
Je vous remercie de m’avoir lu, et je vous adresse, malgré la douleur immense de la perte de ma mère en raison des erreurs de diagnostic médical fiable, mes salutations respectueuses

