Ecrit par: Amal Jaanin
Le livre “Sociologie de l’expertise et des experts du “Dr. Noureddine Lachkar “constitue une contribution scientifique et académique remarquable, qui s’intéresse à l’étude de l’expertise et des experts. Il s’agit d’une recherche approfondie dans le domaine de la sociologie de l’expertise et d’une contribution scientifique visant à fournir une matière cognitive représentant une avancée qualitative dans un champ de connaissance qui ne jouit pas d’une large diffusion dans les milieux scientifiques. L’ouvrage aborde l’évolution du concept de l’expertise et son rôle dans le progrès des institutions, tout en mettant l’accent sur ses .problématiques et ses défis.
Dans son introduction, l’auteur souligne que la sociologie, depuis ses débuts, a contribué à révéler les mécanismes de production de nombreux phénomènes sociaux et la manière de les traiter. Cependant, l’orientation de la sociologie vers l’étude du monde de l’expertise a progressivement permis la réalisation d’études interventionnelles et techniques à caractère scientifique.
À travers les pages de ce livre, l’auteur tente d’aborder le sujet de l’expertise et des experts sous un angle sociologique, cherchant à découvrir le monde de l’expertise et les mystères qui l’entourent, en mettant en lumière ses interactions avec d’autres disciplines telles que le droit, l’économie et la politique. Il étudie le concept de l’expertise en tant que branche de la sociologie, avec ses orientations et théories sociologiques distinctes. En tant que spécialité récente, elle n’a pas été largement explorée par les chercheurs. À travers les six chapitres de l’ouvrage, l’auteur discute de l’évolution de l’expertise et de sa relation avec la connaissance scientifique et technique, ainsi que de son lien avec les institutions de soutien et la question de l’autonomie et des limites de l’expertise, avant de s’intéresser au pouvoir des experts et à ses extensions actuelles.
L’auteur explique que le concept de l’expertise est apparu au milieu des années 1960, coïncidant avec l’entrée des sociétés avancées dans une phase qualitative de prospérité. La question de l’expertise est liée aux institutions internationales, principales promotrices des projets de développement et hôtes de diverses formes d’expertise et d’experts. De plus, le travail de recherche sur le terrain facilite l’ouverture des portes et l’obtention des autorisations nécessaires pour accéder au domaine d’étude, ainsi que la fourniture des moyens financiers et logistiques pour couvrir le travail. De ce point de vue, l’étude de l’expertise ne peut se faire qu’en s’ouvrant aux différents champs de connaissance qui s’y intéressent.
Le concept de l’expertise est devenu une nécessité pressante dans les sociétés modernes, imposée par la réponse aux conditions politiques, économiques et sociales accélérées que connaît le monde, ainsi que par le besoin d’évaluer la qualité et l’efficacité des programmes et des politiques, celles-ci étant tributaires du progrès qui englobe divers domaines de la vie humaine. L’expertise vise essentiellement à réaliser le développement en tant qu’objectif ultime et est liée au pouvoir de la connaissance et des compétences acquises par l’étude, la recherche et la pratique scientifique sur le terrain, accumulées dans des spécialités cherchant à trouver des solutions scientifiques et techniques aux problèmes émergents, tout en soutenant l’innovation et en développant de nouvelles méthodes pour faire progresser les sociétés, consacrer la qualité et renforcer le progrès scientifique. Il ne fait aucun doute que la réalisation de ces objectifs nécessite un certain degré d’autonomie pour les experts et exige de combiner connaissance et engagement, science et pratique, ainsi que connaissance académique et travail de terrain.
La plupart des institutions se tournent vers l’expertise en tant que procédure pratique et partie intégrante des processus cognitifs et techniques visant à atteindre les objectifs planifiés. Cependant, certains estiment que le recours à l’expertise peut limiter le travail académique, tandis que d’autres la considèrent comme un service rémunéré fourni sur demande, sans répondre aux exigences de la recherche scientifique. La soumission à la connaissance scientifique au sein d’institutions ayant des objectifs financiers, politiques ou idéologiques peut lui faire perdre une grande partie de sa crédibilité. Cependant, il est impossible d’atteindre les objectifs planifiés en général, et le développement dans son sens global en particulier, sans recherche scientifique et études de terrain qui reflètent la réalité avec précision. Il est certain que la réalisation de cet objectif ne peut se faire qu’en établissant des limites claires entre le concept de l’expertise et des experts, et certains domaines de recherche similaires.
Dans ce contexte, le livre “Sociologie de l’expertise et des experts” du Dr. “Noureddine Lachkar “propose une analyse complète de ce sujet à travers ses 261 pages et ses six chapitres, que je résume comme suit :
Chapitre 1 : L’auteur consacre ce chapitre au concept de l’expertise, à sa signification et aux contextes de sa formation. Il tente de clarifier ce concept en se référant aux contributions bibliographiques et aux disciplines qui ont traité le sujet
Chapitre 2 : L’auteur aborde la problématique de la relation entre la connaissance scientifique et l’expertise, en clarifiant la nature des limites entre ces deux concepts. L’expertise peut être considérée comme produisant une certaine connaissance, fournissant un service ou réalisant une intervention.
Chapitre 3 : L’auteur traite de l’expertise et de la technique, ainsi que de la relation entre elles. L’expertise est-elle une technique ? Existe-t-il ceux qui croient que l’expertise est une technique ? Ces questions et d’autres sont discutées dans ce chapitre.
Chapitre 4 : Ce chapitre aborde la problématique de la relation entre l’expertise et les institutions de soutien ou les institutions parraines de l’expertise et des experts. L’expertise, comme l’indique l’auteur, est liée aux institutions qui la soutiennent ou à l’entité qui la sollicite pour accomplir des tâches d’expertise.
Chapitre 5 : L’auteur pose la question de l’autonomie de l’expertise : Quelles sont les limites de l’autonomie de l’expertise ? Peut-on concevoir des études d’expertise en l’absence d’experts indépendants ? Ce chapitre répond à ces questions et à d’autres.
- Chapitre 6 : Ce dernier chapitre traite du pouvoir des experts. Les experts sont devenus détenteurs du pouvoir et prennent des décisions. Ce chapitre discutera du pouvoir des experts et de ses extensions actuelles, car il est connu que les experts sont sollicités pour la prise de décision.
Le livre “Sociologie de l’expérience et des experts “du “Dr. Noureddine Lachkar” est une œuvre académique qui explore les dynamiques sociales et culturelles liées à l’expérience et au rôle des experts dans la société. À travers une approche sociologique, l’auteur analyse comment l’expérience individuelle et collective est construite, interprétée et valorisée, tout en examinant la place des experts en tant qu’acteurs clés dans la production et la légitimation des savoirs.
“Dr. Lachkar” aborde des questions telles que la relation entre le savoir et le pouvoir, la manière dont les experts influencent les décisions politiques et sociales, et comment leurs discours façonnent les perceptions publiques. L’ouvrage propose également une réflexion critique sur les mécanismes de légitimation de l’autorité intellectuelle et scientifique dans les sociétés contemporaines.
Ce livre s’adresse aux chercheurs, étudiants et professionnels intéressés par la sociologie, les sciences sociales et les études sur les savoirs et les expertises. Il offre une perspective approfondie et nuancée sur des enjeux cruciaux de notre époque